Éloge de la solitude : comment profiter des moments seul.


Calme, quiétude, légèreté… des mots que m’évoque la solitude. Si certains la fuient à tout prix, d’autres y voient un véritable idéal de vie. Pas de compte à rendre, pas de compromis à faire, la liberté totale de changer d’avis, de mettre un casque sur ses oreilles sans guetter l’interruption, de ne pas parler pendant des heures…

Les bienfaits de la solitude semblent méconnus, parce que cette dernière souvent mal-connotée. Si seulement chacun distinguait la solitude de l’isolement. L’un est mortifère, l’autre est salutaire. L’isolement est une solitude non-consentie, subie et parfois douloureuse, qui pousse l’individu à se morfondre et se laisser pourrir face à ce qu’il perçoit comme une fatalité. La solitude volontaire est synonyme de liberté, elle est le repli en soi (et non sur soi). Elle est cette volonté de frayer sa route le plus librement possible, d’échapper aux fracas du monde, pour reprendre les mots de l’explorateur français Sylvain Tesson. Dans une société hyper-connectée et coercitive, la solitude est un luxe dont il serait sot de sous-estimer la valeur !

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“Tout seul, enfin ! La liberté, l’exquise liberté, le silence absolu, le repos bien aimé, le calme où rien ne vibre. En vérité, je n’ai vraiment l’impression que je suis libre que lorsque je suis enfermé. (...) Lorsque je fais tourner la clé, ce n’est pas moi qui suis bouclé, ce sont les autres que j’enferme. Il faut pouvoir ainsi s’évader à sa guise. On a besoin d’avoir son coin, l’endroit clos où jamais l’âme ne se déguise. Le petit coin tout près, très près, et dans lequel on est très loin.” Sacha Guitry. (1961)


Lorsqu’elle est librement choisie, la solitude est un plaisir pur qui permet d’apprivoiser du bout des doigts le temps que le train-train quotidien nous contraint à maîtriser sans cesse. Le plaisir de flâner dans la nature ou de se perdre dans les pages d’un livre sans compter les heures, le plaisir d’écouter de la musique un peu trop fort ou de pâtisser et mettre de la farine partout dans la cuisine sans culpabilité aucune. La solitude est une formidable opportunité de se retrouver soi-même et de prendre le temps, en pleine conscience. À force d’être toujours entouré, nous avons tendance à négliger nos envies profondes, parfois même nos valeurs, au risque de nous perdre nous-même et de mettre à mal notre identité par peur de négocier du temps pour soi avec son entourage. Invitation à l’introspection, la solitude nous offre un accès privilégié à nos ressources intérieures, à nos vraies pensées, sans filtre. La solitude est ce silence recherché par celui qui veut faire la paix en soi.

La démarche de solitude est innée, car essentielle, pour les introvertis : ils ont besoin d’être seuls pour recharger leurs batteries, à l’inverse des personnalités extraverties que les échanges sociaux revigorent. Mais celle-ci est bénéfique pour tout le monde. Trouver le bon équilibre entre les moments seul et le temps avec les autres (que l’on veuille l’admettre ou non, l'interaction sociale est vitale), là est la clé du bien-être.

☁️ Que faire pour tirer profit de nos heures de solitude ?

- Introspecter (en écrivant dans un journal, par exemple) et se recentrer sur soi pour explorer nos forces intérieures et mieux se connaître. Introspecter aussi pour élargir le champ des possibles, s’autoriser à rêver et imaginer en grand. Parfois, se retrouver seul ravive une flamme étouffée par le tumulte du quotidien : il suffit souvent d’un moment à soi pour faire bourgeonner une idée, créer, ou prendre une petite décision qui peut changer notre vie.

- Se lancer dans des projets : conséquence du travail d’introspection, on est souvent plus enclin à mettre nos idées en action lorsque l’on est seul, plus concentré.

- Lire, des heures durant. “Un livre est un ami fidèle. On peut lui couper la parole sans qu’il ne se fâche, on peut reprendre la conversation là où on l’a laissée.” (Sylvain Tesson)

- Profiter de la nature pour marcher, flâner, somnoler dans l’herbe. Se promener dans un jardin ou une forêt éveille les sens et l’attention sur ce qui nous entoure, et sur nos propres émotions. De plus, la nature est curative : une balade à vélo, la contemplation d’un coucher de soleil ou un bol d’air frais ponctué des bruits des oiseaux sont parfois le remède, simple et efficace, à un moral dans les chaussettes.

- Explorer la ville avec un regard de touriste. Loin des responsabilités de la vie quotidienne le temps de quelques heures, il est agréable de visiter sa ville et se perdre dans les rues, s’engager sur un chemin inhabituel, découvrir de jolis endroits secrets, prendre des photographies, piocher des livres dans les boîtes à lire des quartiers.

- Faire du tri chez soi, c’est salutaire pour l’esprit et ça forge la prise de décisions ! Retrouvez mon article dédié au minimalisme en cliquant ici.

- Commencer un hobbie, qu’il s’agisse de l’apprentissage d’un instrument de musique, de l’écriture, du yoga, du blogging, de l’aquarelle ou encore de la pâtisserie. Se retrouver seul incite à essayer de nouvelles choses.


- Faire des activités seul(e), comme aller à la séance du matin au cinéma et profiter d’une salle quasi-déserte, visiter un musée à son rythme sans la pression de devoir commenter un tableau incompréhensible, aller à un concert et faire la queue à l’heure que l’on veut.

- Faire une digital detox tant qu’on peut s’échapper et ne pas être “attendue”, pour déconnecter pleinement.

- Partir en voyage solo. Si les conditions s’y prêtent, se planifier une petite excursion seul(e), à l’étranger ou dans la ville voisine, s’avère être une expérience à faire au moins une fois dans sa vie ! En plus de sortir de sa zone de confort, on goûte à la liberté absolue, on grandit et se surpasse. (Mon voyage solo en Italie en retours vidéo, c'est ici.)

Il me semble qu’une solitude saine est le parfait équilibre entre l’exploration de sa vie intérieure, pour ne pas perdre le cap de notre identité vraie, et le déploiement de sa vie “physique” (activités extérieures).

☁️ Comment appréhender la solitude non-choisie ?

Entre liberté et sentiment d’abandon, la frontière peut être fine. Le regard que l’on pose sur cette solitude conditionnera notre expérience. En effet, si vous pouvez choisir la résistance et en souffrir, vous pouvez aussi décider de l’accepter et l’accueillir comme un tête-à-tête avec soi, une ouverture sur le monde. Le docteur en psychologie Alain Delourme interprète la solitude comme “une opportunité pour penser sa vie qui nous dépouille de ce qui nous encombre”. Si l’on suit l’approche minimaliste, la solitude permet de se délier des bruits de la ville, des bousculades, des paroles et autres futilités non-désirées du quotidien en société. S'accommoder de la solitude, c’est gagner en indépendance et comprendre pleinement que l’on existe, sans les autres. Si la solitude vous effraie, revenez à l’essentiel en vous accrochant à des routines, des repères, ou cultivez un jardin secret et vous prendrez goût à ces moments rien qu’à vous.

Introvertie de nature, la solitude m’est très précieuse. J’en ai besoin et je la chérie. Quand je suis seule, je me déploie entièrement, mes idées prennent vie et mes envies profondes se réveillent. Ce sont des moments où le jugement n’existe pas, les masques sont levés et la confiance en soi est au sommet. Et vous, comment vivez-vous la solitude ? Quelles sont vos occupations quand vous êtes seul(e) ?

4 commentaires:

  1. Coucou Laura, très intéressant ton article et je m'y reconnais pleinement. La solitude est un besoin fondamental pour moi, sans ça, j'explose de l'intérieur et c'est le b*rdel dans ma tête. Etre seule calme mon esprit et alors je peux m'épanouir, avoir plein d'idées, fleurir. Mais ça ne fonctionne que si je sais que j'ai aussi l'autre côté de la médaille : mes proches et amis de l'autre côté, prêts à m'accueillir à n'importe quel moment.
    Belle journée à toi !

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  2. Hello Laura ! J'ai adoré ton article, comme toujours très bien rédigé et expliqué.

    J'ai toujours été solitaire et j'avoue que j'ai pas mal profité de ce côté-là lors de mon année aux USA. Sortir seule, visiter la ville où j'habitais, se poser en terrasse pour boire un café et juste profiter du moment. Et j'avoue que ça fait bien... Même si j'adore passer du temps avec mes amis, et être entourée. Mais ces petits moment de solitude permettent de faire le vide dans sa tête, de faire le point, bref de prendre du temps pour soi, et ça fait énormément de bien.

    Bisous à toi,
    Marion

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  3. Je viens de lire ton article avec grand plaisir et j'y reconnais beaucoup! Tu as très bien souligné la différence entre la solitude et l'isolement, c'est je pense aussi, essentiel pour ne pas se tromper. Les moments de solitude sont pour moi aussi, primordiaux pour mon bon équilibre, pour me permettre de recharger les batteries. J'aime aller me promener seule dans la nature, accompagnée de mon appareil photo et un bon bouquin. Je peux rester des heures à jongler entre prendre des photos, lire et ne rien faire à part penser et contempler la beauté de la nature :)

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  4. Quel chouette article ! Pendant longtemps j'ai négligé ces moments de solitude, ces moments que pour moi. Ce n'est que très récemment (il y a à pein 1an- 1 an et demi) que j'ai réalisé à quel point ils étaient bénéfiques et que j'en avais besoin.
    Comme toi, c'est dans mes moments seules que je suis le plus à même de faire ce que je veux, de manière productive (lire efficacemement, bloguer, écrire avoir des tonnes d'idées). Lorsque j'enchaine plusieurs semaines et week-end sans avoir de "me time" je suis épuisée, et surtout je suis dans un état de tristesse presque intense car je n'ai rien fait 'pour moi'.
    Du coup, j'essaie de m'autoriser des week-end où je ne prévois rien, uniquement des choses pour moi : une aprem lecture, un dimanche pour tester une recette, une matinée au cinéma, un moment pour bloguer, etc.
    Et depuis que j'ai appris à m'écouter et m'accorder ce temps précieux, ça va mieux :)

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