« Qui es-tu ? », la question qui met en lumière tous nos moi.

La question de l’identité a toujours taraudé l’Homme. Nous avons un besoin obsessionnel de définir chacune des choses que l’on rencontre : un nouveau plat, un objet original, un animal exotique… comme si poser un mot pour qualifier quelque chose lui donnait un sens (est-ce là une manière de rendre connu l’inconnu, une fuite de l’ignorance, ou un besoin de contrôle ?). À la question “qui es-tu”, que répondez-vous ? Probablement, en fonction de la personne en face, répondrez-vous par votre prénom, votre métier ou votre passion. Mais est-ce vraiment ce que vous êtes ? Peut-on réduire l’être humain incroyable et complexe que nous sommes à des étiquettes ?

Il m’arrive de perdre le fil, de me poser et de finalement ne pas savoir qui je suis vraiment. Au-delà de mes hobbies, mes centres d’intérêts, mes passions et mon cursus, au-delà des traits qui me caractérisent, qui suis-je ? En vérité, nous sommes tout un tas de personnes à la fois. Selon l’environnement, la situation et l’entourage, nous portons un certain masque qui ne révèle qu’une part de notre personnalité ou filtre notre personne dans l’espoir de plaire ou de ne pas déplaire pour être accepté.


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C’est drôle ce qu’on peut dire parfois… “je me sens moi quand”, ou “ça n’est pas moi d’agir ainsi” selon les situations, les gens autour qui influencent notre comportement. Pourtant, on est bel et bien la même unique personne. Je me sens moi quand je suis seule, dans ma zone de confort, et que je déploie ma personnalité profonde sans me censurer, sans filtre et sans artifice. Je ne me sens pas moi lorsque j’étouffe dans un environnement où je ne trouve pas ma place, ou bien que mes valeurs et mes aspirations sont bafouées. Alors, je joue des rôles. Je porte différents masques. J’opprime les parts de moi que je n’ose pas montrer, qui n’ont pas leur place ou ne sauraient être bien accueillies par les autres.

À force de porter plusieurs masques au cours d’une journée (pour être approuvé, pour plaire aux autres, par instinct de survie, pour cacher ce dont nous ne sommes pas fier), on peut se perdre dans cette pièce de théâtre qu’est la vie. Finalement, on passe peut-être plus de temps à jouer des rôles qu’on connaît plus ou moins bien, qu’à laisser briller notre vrai nous profond. Qui suis-je ? La quête de soi est un point de départ à la réflexion. Je ne suis pas mon statut social, mon sexe, mon passé. Je suis mes valeurs, je suis ce qui m’anime, je suis ce que j’aime, je suis ce qui me rend vivante, je suis mes amis, je suis mes aspirations, je suis mes rêves, je suis mes parts d’ombre et mes parts de lumière. Je suis la somme de ce que je fais, ce que je vois, ce que je sens, ce que j’apprends, ce que les autres voient en moi.

MILLE ET UN MOI...

Outre les masques et autres filtres sociaux, les psychologues tentent de décoder les humains (je pense notamment au test MBTI de Myers Briggs ou à l'ennéagramme qui catégorisent les personnalités). Un maître spirituel brésilien, du nom de Prem Baba, a développé une approche psycho-spirituelle en distinguant en l’être humain 4 aspects : le masque, le moi inférieur, le moi supérieur et l’enfant blessé. Je rajouterai à cette liste de “moi” le Moi Présent et le Moi Histoire, comme les appellent l’auteur et touriste du bonheur Jonathan Lehmann*, et le fantasy self.

☁️ Le Moi Masqué : comme évoqué, c’est lorsque l’on préfère jouer un rôle pour rentrer dans le moule ou paraître plus cool. On anticipe, on calcule notre comportement, on efface notre vrai nous par instinct de survie (ou parce que, parfois, c’est moins fatiguant !).
☁️ Le Moi Inférieur : il s’agit des parts d’ombre de soi, nos tendances égoïstes et pas glorieuses que l’on ne préfère pas montrer. On l’appelle l’égo.
☁️ Le Moi Enfant blessé : c’est la part de nous que le vécu et les expériences passées ont entaché, dont résulte le moi inférieur. Cet être qui patauge et galère à déconstruire des croyances et à se délier de blocages.
☁️ Le Moi Histoire : le Moi qui interprète et n’existe qu’à travers le langage. Ce sont nos pensées et notre mental, un Moi intangible pourtant bien là.
☁️ Le Moi Supérieur : c’est l’être pur que nous sommes à l’origine “avant que la vie ne nous passe dessus”*, nos parts de lumière (amour, compassion, créativité).
☁️ Le Moi Présent : le Moi qui perçoit et vit à chaque instant, ici et maintenant, à travers les 5 sens, en pleine conscience.
☁️ Le Moi Imaginaire, ou fantasy self : c’est la personne que l’on aspire à devenir, celle que l’on veut montrer aux autres, qu’on façonne, que l’on aimerait être (mais parfois, on souhaite l’être pour répondre à des diktats et non pas par pure aspiration). Pour imager l’idée, fut un temps, mon fantasy self était une personne qui avait toujours un livre entre les mains. À l’époque, c’était un fantasme mais pas une réalité.


Nous sommes des êtres uniques qui renferment mille et une facettes : personne n’a une personnalité définie; celle-ci évolue même à chaque seconde. C’est normal d’avoir l’impression de n’être jamais la même. On ajoute et supprime des ingrédients de notre personnalité en permanence. Chaque situation réveille une version de nous et laisse les autres au chaud dans notre être, cela n'entache en rien notre authenticité ! On aura beau jouer des personnages, notre âme profonde et notre aura nous aligneront toujours.

Finalement, est-ce si important que ça, de savoir définir qui nous sommes, pour se sentir exister pleinement ? Et si, on se laissait porter par le courant et ne calculait plus rien, pour laisser place à la spontanéité de l’authenticité ? Et si, on ne réfléchissait pas tant à comment on se présente au monde, mais se laissait simplement être ?

Toi aussi, tu as parfois du mal à répondre à la question “qui es-tu ?” ?





3 commentaires:

  1. Très intéressant et surtout plein de vérités ton articles ! Je ne connaissais pas du tout ces différents "moi" mais c'est vrai que suivant la situation, l'humeur, les gens avec qui l'ont se trouve on est jamais vraiment la même personne.
    En tout cas, c'est rassurant de savoir que c'est normal finalement :)

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  2. C'est drôle que je lise ton article aujourd'hui parce que, hier soir, j'ai tiré une carte oracle qui disait précisément de laisser tomber le masque.
    En ce moment, j'ai de plus en plus de mal avec l'idée de fermer ma grande bouche, par exemple quand un mec me fait chier dans la rue. Je me dis que je n'ai pas à la fermer pour maugréer dans mon coin. Le dernier qui m'a fait chier était en voiture, m'a souri à travers la vitre, puis m'a salué de la main par la vitre arrière quand il s'est éloigné. Ça m'a saoulé, je lui ai fait un doigt d'honneur (et j'ai pris une autre rue xD) Alors bien sûr, ça dépend de la situation... enfermée, piégée dans un métro, je ne l'aurais sans doute pas fait...

    Nous avons des identités différentes, comme tu le soulignes, mais aussi des niveaux d'identité différente. C'est l'identité personnelle, l'identité sociale, et l'identité supra-ordonnée. L'identité personnelle c'est toi, ton prénom, par exemple. L'identité sociale ça peut être "étudiante de l'université X" et l'identité supra ordonnée "étudiante". En fonction de l'identité qu'on tire on ne réagit pas de la même manière. D'ailleurs, une psychologue avait fait un test à ce propos aux Etats-Unis. Elle a demandé à des étudiants "en tant qu'étudiant, que pensez-vous des musulmans ?" et "en tant qu'Etats-unien, que pensez-vous des musulmans ?" les réponses à la deuxième question était bien plus violentes !!! Je trouve ça extraordinairement intéressant. Donc, non seulement on ne se présente pas pareil en fonction des personnes (on parle pas de la même manière à ses profs qu'à ses amis) comme tu le dis, mais en plus on ne réagit pas pareil en fonction du "mode" sur lequel on est activé. Du coup, c'est peut-être encore plus difficile de répondre à la question de savoir qui nous sommes. D'ailleurs, c'est ces différentes facettes qui m'a donné l'idée d'un podcast que j'attends toujours de pouvoir réaliser :)

    Et pour finir, ce que tu dis sur le théâtre est assez vrai et me fait penser à un sociologue dont j'ai oublié le nom mais qui précisément avait théorisé le fait que l'on fonctionne dans la vie comme au théâtre, avec une scène et une coulisse. C'est par exemple un prof qui te fait chier mais devant qui tu gardes contenance, pour ensuite, une fois sortie de la salle de classe, dans le couloir (qui fait office de coulisse), dire à tes amis "mais quel con, c'ui-là !".

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  3. Je suis incapable de définir à l'heure actuelle qui je suis.
    J'ai des idées, je me cherche, j'essaie des choses. Ce n'est pas évident car, on porte tous tellement de masque que j'ai le sentiment que toutes les personnes de mon âge ont trouvé leur voie, savent qui ils sont.
    Parfois, j'ai l'impression de vivre la vie d'une autre et pas la mienne. Je tente bien sur de changer ça même si ce n'est pas facile.
    Ton article est en tout cas très intéressant et bien écrit également :)
    Méryl 🍃 | Simplement Méryl

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